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l’ombre de la révolution plane au-dessus du football européen

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C’est une décision que l’ensemble du football européen attend avec beaucoup d’impatience, de fébrilité aussi. Demain, aux alentours de 9h30, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) à Luxembourg doit rendre son verdict. Elle se prononcera sur le monopole de l’UEFA sur l’ensemble des compétitions européennes. Si la réponse est non, la porte à la Super League est grande ouverte. Plus aucun obstacle juridique empêchera la création de cette compétition. «Si ce n’est pas à une révolution, c’est au moins une évolution spectaculaire», défendent Maîtres Dupont et Hissel, les avocats des clubs fondateurs.

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Le football européen est peut-être à l’aube d’un changement radical, d’une plus grande ampleur encore que l’arrêt Bosman en 1995, dont la décision de la Cour de Justice des Communautés européennes (ancêtre de de la CJUE) avait mis fin au quota des joueurs étrangers dans les clubs de l’Union Européenne. Elle avait donné raison à Jean-Marc Bosman, milieu de terrain belge, qui souhaitait rejoindre Dunkerque après la fin de son contrat au RFC Liège. Le club belge contesta, réclamant une indemnité de transfert au club français. L’action judiciaire victorieuse de Bosman ouvrit alors la voie à la libre circulation des joueurs européens dans les états membres de l’UE et, mécaniquement, à la libéralisation des transferts.

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Vers une fin du monopole de l’UEFA ?

Si les records d’indemnités tombent chaque année ou presque, c’est grâce (ou à cause, c’est selon) au modeste football belge. Si l’UEFA perd le monopole des compétitions européennes, tout en conservant son rôle de régulateur, l’incidence sur le football que l’on connaît depuis 30 ans, et l’arrêt Bosman, sera démentiel. A l’image de la Super League, des clubs pourront alors décider de créer leur propre compétition sans que l’UEFA ait son mot à dire. Cela irait dans le sens de l’histoire d’une Europe ayant fait le choix du libéralisme économique et de la circulation des travailleurs, limitant de facto l’intervention de l’État et des pouvoirs publics.

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Il y a un an pourtant, l’avocat général de CJUE, Athanasios Rantos, avait donné raison à l’UEFA, estimant que si la Super League était dans son droit de créer une compétition indépendante de l’UEFA, elle devait demander l’autorisation en amont aux fédérations. Or ces dernières sont rattachées à l’UEFA. L’instance européenne n’abuserait pas de sa position dominante, comme le soulignaient pourtant le Real Madrid ou encore le FC Barcelone, derniers défenseurs de cette grande réforme. La Cour de Justice de l’Union Européenne a plutôt tendance à suivre le réquisitoire mais nous ne sommes pas à l’abri d’un avis contraire, rapportent des bruits de couloir.

Le regard sur la Super League a changé depuis 2021

Il faut dire que depuis l’apparition du projet en avril 2021, des évolutions ont fait bouger les lignes. On est désormais loin du tollé suscité, chez les supporters notamment. Le futur format des coupes d’Europe de l’UEFA ne plaît pas à tout le monde. En parallèle, l’Arabie saoudite a fait son apparition sur l’échiquier mondial et est en train de déplacer le curseur d’intérêt du sport numéro un. De son côté, la Premier League apparaît plus seule au monde que jamais avec les nouveaux montants des droits TV prévus pour la période 2025-2029. Sky Sports et TNT Sports prévoient une diffusion du championnat anglais pour 1,95 milliard d’euros par saison. Et c’est sans compter les droits à l’international.

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À titre de comparaison, la Ligue 1, dont les droits de diffusion sont actuellement en renégociation, est vendue 700 M€ par an. Autrement dit, l’argent de la Premier League anglaise écrase toutes concurrences européennes. Autant d’arguments qui plaident en faveur d’une refonte du système. «Nous attendons de la CJUE qu’elle mette fin au monopole de l’UEFA et qu’elle fasse respecter les libertés fondamentales de l’UE dans le monde du football, prévenait dans les colonnes de L’Equipe Bernd Reichart, patron d’A22 Sports Management, société promotrice de la SL. Les supporters, les clubs, les joueurs et le football auraient tout à gagner d’un secteur ouvert à la concurrence des idées et où les clubs pourraient diriger et organiser une compétition européenne sans crainte de menaces.»

Un effet décuplé comparé à l’arrêt Bosman

Le projet mature depuis longtemps. Ce vieux serpent de mer est peut-être en train de devenir une réalité. Il s’agirait d’un véritable Big Bang footballistique car cela remettrait en cause toute l’architecture européenne du ballon rond constitué depuis des décennies. Cette Super League, fermée ou semi-fermée selon les modèles à ajuster, provoquerait encore plus de conséquences que l’arrêt Bosman. Au final, celui-ci avait “simplement” changé les règles en matière de transferts. Cette fois, c’est l’ensemble de l’écosystème qui serait modifié. À la CJUE de choisir entre le statu quo ou la refonte totale de la chaîne de production football.

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