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Real Sociedad : le choc de deux modèles complètement opposés

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Paris Saint-Germain contre Real Sociedad. Un choc entre deux équipes a priori un peu déséquilibré sur le papier. Mais surtout, au-delà de ce qui se passera sur le terrain lors des deux confrontations, c’est une grosse opposition de modèles et de philosophies. Il ne s’agit évidemment pas de dire que l’un est idéal et que l’autre est mauvais, clairement pas, mais il est intéressé de mettre en avant les différences qui ont mené ces deux clubs à avoir, chacun à leur échelle, un certain succès ces dernières années.

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Les objectifs

C’est une évidence, mais il reste important de le souligner. Les deux clubs sont loin d’avoir les mêmes objectifs, tant sur la scène nationale que continentale. Rafler le plus de titre sur la scène nationale est le minimum syndical pour le Paris Saint-Germain, et les objectifs du club sont clairs : remporter la Ligue des Champions. En face, les Basques, très loin des moyens et de la puissance du Barça et du Real Madrid, ont logiquement des ambitions bien plus modestes, et se qualifier pour une compétition européenne est déjà synonyme de bonne saison. Avoir passé les poules et terminé devant l’Inter est déjà un petit exploit, ou c’est du moins comme ça qu’il est présenté en Espagne. C’est donc sans surprise que sur ce mach, il y a une équipe qui a tout à perdre, et une autre qui a tout à gagner…

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Le mercato

Le volet mercato est en revanche un peu plus intéressant à analyser. Côté parisien, la stratégie est plus ou moins la même depuis le début de l’ère QSI, entamée il y a plus de dix ans maintenant. Recruter des stars pour former un groupe de très haut niveau. Même s’il est vrai que depuis peu, on semble aussi axer le mercato sur l’arrivée de jeunes joueurs à potentiel et il y a une volonté évidente de franciser l’effectif. Un modèle qui devient peut-être un peu hybride récemment, mais qui reste, sur ces dernières années, plutôt galactique. En face, la Real Sociedad a une politique assez différente, qui tend à être plus stable et plus orientée sur la formation. On recrute pour combler des manques qui ne peuvent pas être couverts par les joueurs du centre de formation. Ou alors, lorsqu’il y a des opportunités de marché et des affaires trop intéressantes pour être refusées. Au PSG, c’est l’inverse. Les jeunes du centre servent, sauf cas exceptionnel et talents hors du commun comme Warren Zaïre-Emery, à boucher les trous.

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Dans une situation financière très saine, la Real Sociedad peut également se permettre de signer des jolis chèques lorsque sa direction estime que c’est nécessaire, à l’image de l’été 2022 où plus de 50 millions d’euros avaient été dépensés. L’été dernier, les Basques avaient grillé certains gros clubs sur Arsen Zakharyan (15 M€), preuve que l’écurie de Saint-Sébastien est aussi capable de faire de gros coups à son échelle. Là où la Real Sociedad se différencie de beaucoup de clubs de son calibre, que ce soit en Espagne ou ailleurs, c’est qu’il n’y a clairement pas de volonté de faire du trading de joueurs. L’objectif est de conserver la même colonne vertébrale le plus longtemps possible et seules les offres vraiment impossibles à refuser – les 70 millions d’euros posés pour Isak par Newcastle à l’été 2022 – sont acceptées. La Real Sociedad n’a pas besoin de vendre pour être dans le vert et surtout, a envie d’être ambitieuse. Là, on retrouve donc un gros point commun avec le PSG, qui veut toujours conserver ses meilleurs éléments et ne vend pratiquement jamais de titulaires.

La formation

Si le PSG ne mise que peu sur les jeunes de son centre de formation, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas au niveau, clairement pas. Ils sont nombreux à briller un peu partout aux quatre coins du Vieux Continent, et même ceux qui ne sont pas conservés ont affiché un niveau globalement satisfaisant lorsqu’ils ont eu des opportunités en A. Le centre de formation parisien fait clairement partie des meilleurs de la planète. Ces dernières années, le PSG a d’ailleurs plutôt bien renfloué les caisses en vendant certains de ses meilleurs jeunes ailleurs en Europe, à l’image d’El Chadaille Bitshiabu, parti pour 15 M€ à Leipzig. En face, la formation est au cœur du projet et est le pilier du club. Une étude du CIES réalisée la saison dernière démontrait par exemple que la Real Sociedad était l’équipe qui utilisait le plus de joueurs formés à la maison en Europe (17 au total), devant l’Athletic (13) et l’OL (11).

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Comme expliqué dans un article publié dans nos colonnes en 2022, la Real Sociedad a une méthodologie très similaire à celle du FC Barcelone, visant à attirer les meilleurs talents précoces de la région grâce à un réseau de plus de 80 clubs partenaires, pour ensuite les faire progresser dans un environnement très structuré et compétitif. Pionnier en Espagne sur l’utilisation de la data et de la technologie et très calé sur des aspects comme la nutrition ou la force athlétique, le centre de formation de Zubieta est une mine d’or qui a vu des joueurs comme Mikel Oyarzabal ou Martin Zubimendi sortir ces dernières années. Des internationaux espagnols qui, aujourd’hui, coûteraient très cher aux clubs intéressés. Au PSG, et ce même si certains joueurs de très haut niveau sont sortis ces dernières années, force est de constater que la formation est laissée à un second plan. Et c’est tout à fait légitime aussi.

L’extra-sportif

Si le PSG est une énorme multinationale, la Real Sociedad est encore un club plutôt local qui ne cherche pas forcément à gagner des fans ou des parts de marché à l’international. En dehors des terrains, il y a par exemple eu un travail exceptionnel d’exportation et de développement de la marque PSG à travers le monde, bien aidé par la collaboration avec Jordan notamment et forcément, le glamour et le prestige que symbolise la ville de Paris. Plus qu’une simple écurie sportive, le PSG est désormais une marque lifestyle, surtout dans les pays où le football n’est pas aussi populaire qu’en Europe. Dans n’importe quelle ville du monde, il est dorénavant possible de croiser des gens vêtus d’un pull ou d’un t-shirt à l’effigie du PSG, chose qui semblait complètement surréaliste il y a quelques années encore.

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Du côté de la Real Sociedad, l’idée est plutôt de se consolider sur le plan local et national avant de s’exporter. Même s’il est vrai que la présence de Take Kubo dans l’effectif a forcément eu un impact immédiat et important du côté du Japon, permettant notamment la signature d’accords avec des entreprises nippones. Contrairement à la plupart des clubs de son statut, le club basque ne semble cependant pas forcément être dans une course folle aux revenus, bien au contraire. En plus de rarement vendre ses meilleurs éléments, la Real Sociedad a par exemple souvent évolué sans sponsor maillot ces dernières années. Les Basques ont aussi été le seul club de Liga à n’avoir aucun contrat de sponsoring avec des entreprises de paris sportifs. Les dirigeants avaient ainsi écouté l’avis de leurs supporters, quitte à se priver d’un joli chèque.

Identité et ancrage local

C’est une problématique à laquelle a été confrontée le PSG ces dernières années : comment se développer et grandir en tant que club sans froisser ni délaisser les fans de la première heure ? Comment rester attaché aux racines et à l’histoire du club ? Comment continuer de représenter la ville de Paris ? C’est difficile à appréhender, et pour l’instant, le PSG ne s’en sort pas si mal que ça. Bien sûr, certains supporters regrettent une époque où le club était bien moins puissant sportivement, mais où les places pour les matchs étaient moins chères, ou pendant laquelle les joueurs semblaient plus attachés au club et respectaient plus l’institution. Mais le club a toujours travaillé pour lier son image à la ville et à la région. Il faut cependant signaler que l’affaire du Parc des Princes et un déménagement dans une nouvelle enceinte pourrait créer une petite rupture avec bien des supporters…

Du côté de la Real Sociedad, il y a clairement cette volonté de mettre en avant la fierté d’être basque. Un effectif rempli de joueurs locaux, sans pour autant aller dans l’extrême des voisins de l’Athletic, qui est une des clés de ses succès récents. Faire jouer des joueurs qui sont fiers de défendre les couleurs de leur région et qui, a priori, seront plus motivés et auront tendance à plus se donner qu’un joueur venu d’ailleurs. Et encore plus lorsqu’ils sont tous passés par le même centre de formation et ont donc tous grandi dans un cadre footballistique similaire. Il y a aussi la volonté d’être à l’écoute des fans – comme l’exemple cité ci-dessus – et de les intégrer pleinement à la vie du club. Un duel passionnant sur le terrain donc, mais aussi en dehors !

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