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« Le Havre ? C’est une famille et un nouveau défi excitant ! »

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Il est l’un des joueurs clés du Havre cette saison. Son nom ? Daler Kuzyaev. Arrivé cet été, à la surprise générale, en Normandie, le milieu de terrain russe, aujourd’hui âgé de 31 ans, symbolise à lui seul l’ambition de tout un club. Un temps convoité par Toulouse ou encore l’OM, le droitier d’1m82 – éliminé, aux tirs au but, par la Croatie, aux portes du dernier carré du Mondial 2018 avec la Sbornaïa – a finalement accepté, le 12 juillet dernier, de s’engager jusqu’en 2025 avec les Ciel et Marine. Pour le plus grand bonheur de Mathieu Bodmer, directeur sportif du HAC et décisif dans l’aboutissement de ce dossier. «Il va devenir une référence. Il est technique, il a les deux pieds et au quotidien, c’est un gros bosseur. Il va tirer tout le monde vers le haut. Il n’y a pas de mystère. Quand tu as des joueurs qui ont gagné des titres, qui ont des sélections, qui ont joué l’Euro ou la Coupe du monde, c’est qu’ils sont plutôt bons. […] Il faut aussi qu’il découvre une équipe qui ne domine pas le championnat, à l’inverse du Zénith. Avec nous, il jouera des matchs un peu plus difficiles. Mais bon, tu as beau lui expliquer, il n’accepte pas de perdre», prédisait, à ce titre, l’ancien milieu de terrain du PSG, quelques jours après l’arrivée de son nouveau protégé.

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Un discours élogieux rapidement vérifié. Devenu titulaire indiscutable dans le onze normand, l’homme aux 200 matches de première division russe (champion de Russie en 2019, 2020, 2021, 2022 et 2023, vainqueur de la Coupe de Russie en 2020 et vainqueur de la Supercoupe de Russie en 2021 et 2022) apporte, aujourd’hui, toute son expérience au sein d’un club (re)découvrant l’élite du football français, 14 ans après l’avoir quittée. De pièce maîtresse de l’un des plus grands clubs russes à maillon essentiel d’un collectif promu, le natif de Naberejnye Tchelny, ville industrielle de la république du Tatarstan, impose dès lors son tempo. Humble, juste techniquement, doté d’une très belle vision du jeu et figurant parmi les joueurs parcourant le plus de kilomètres par match en L1, le numéro 14 des Ciel et Marine confirme ainsi son statut et s’avère plus que jamais précieux. Auteur de 3 buts et 1 passe décisive en 21 matches toutes compétitions confondues depuis le début de la saison, Daler Kuzyaev – grand artisan de l’actuel 11e place du HAC en championnat – vise désormais plus haut. Quelques heures avant un choc contre l’AS Monaco (dimanche 4 février, 13h), où il retrouvera son compatriote Aleksandr Golovin, l’homme fort de l’entrejeu havrais est ainsi revenu, en anglais (l’apprentissage de la langue de Molière étant encore en cours), sur ses premiers mois en Seine-Maritime.

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Daler Kuzyaev, symbole d’un mercato ambitieux !

Foot Mercato : bonjour Daler, comment allez-vous ? Vous avez rejoint le Havre en juillet dernier, pouvez-vous nous expliquer ce choix ? Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?

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Daler Kuzyaev : je vais bien merci, comme je l’ai déjà dit par le passé, je souhaitais tester mon potentiel ailleurs, je voulais jouer dans une des cinq plus grosses ligues en Europe et j’ai pensé que l’option du Havre était très bonne pour moi. J’ai parlé avec le président, avec l’entraîneur, mon père a également parlé avec le coach, avec le directeur sportif. Tout le club m’a montré un fort intérêt pour que je les rejoigne. Ils nous ont expliqué le projet de l’équipe et j’ai vraiment aimé l’approche. J’apprécie vraiment cette nouvelle expérience et ce nouveau challenge dans ma vie.

FM : pouvez-vous nous parler plus en détails de vos discussions, avec Matthieu Bodmer notamment, avant d’accepter ce premier challenge en dehors de la Russie ?

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DK : oui, c’est assez simple en réalité, ils m’ont montré leur ambition, ils m’ont détaillé la manière dont l’équipe allait jouer que ce soit sur le plan offensif mais aussi défensif. Le club nous a également montré, avec mon père, le centre d’entraînement, le stade et ça nous a laissé une très belle impression. Tout était bien dans cette approche, j’ai aimé et j’ai donc logiquement accepté de rejoindre cette équipe.

FM : vous êtes désormais au Havre mais vous auriez pu arriver en France plus tôt par le passé. Votre nom avait été lié à Bordeaux et à Marseille, est-ce que c’était proche de se faire ou plutôt de simples intérêts ?

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DK : je ne sais pas si c’était proche de se faire ou non, évidemment, j’ai entendu parler de ces intérêts mais je n’ai jamais discuté ou échangé des mots avec le directeur sportif de ces équipes évoquées.

FM : après plus de six mois passés au Havre, pouvez-vous nous raconter votre intégration ? La culture française et la culture russe sont assez différentes, comment s’est passée l’adaptation, que ce soit au club mais surtout dans la vie de tous les jours ?

DK : oui, je peux vous raconter la façon dont je m’adapte dans cette ville et dans ce club (rires). Premièrement, je dois dire que tout ça a été assez simple car on m’a aidé, ici, à trouver un appartement, on m’a aussi soutenu pour faire les différents papiers administratifs nécessaires lors de mon arrivée et maintenant, tout est bien. Je commence à apprendre le français, j’aime la culture de ce pays et tout le monde dans le club m’apporte son soutien, que ce soit les coéquipiers ou la direction pour que je me sente au mieux ici. C’est top.

FM : comment vous sentez-vous dans cette ville ?

DK : la ville du Havre est chouette, oui. Mes parents ont visité récemment et ils ont apprécié, mon meilleur ami aussi est venu dernièrement, il a marché dans les rues pour découvrir, il a visité des musées et il a aussi aimé. Tout va bien honnêtement et aussi je dois dire que la météo, ici, est presque comme la Russie (rires). Je n’ai pas besoin vraiment de m’adapter avec ce climat (rires).

FM : la barrière de la langue n’est pas trop compliquée à gérer ? Vous avez déjà effectué quelques sorties médiatiques en français, où en êtes-vous dans l’apprentissage du français ?

DK : oh, je ne sais pas, je ne peux pas trop juger mon niveau de progression dans l’apprentissage du français mais maintenant je commence à comprendre quand le coach parle, je comprends les idées véhiculées. Alors, bien sûr, je ne perçois pas encore tous les détails. Par exemple, c’est parfois assez difficile avec les joueurs parce qu’ils parlent très vite, j’essaie de m’améliorer, de m’adapter, étape par étape, petit à petit…

«Tout le club s’est mobilisé pour mon adaptation à ce nouvel environnement !»

FM : sur le plan purement sportif, comment jugez-vous vos débuts chez les Ciel et Marine ? (titulaire indiscutable, 3 buts et 1 passe décisive en 20 matches toutes compétitions confondues, ndlr)

DK : j’ai commencé à jouer dans une équipe qui vient d’être promue dans l’élite du football français, nous avons aujourd’hui une bonne position dans le championnat mais je pense que le plus important est de continuer à jouer dans cet état d’esprit, de travailler dur. Il y a beaucoup d’équipes à affronter encore dans cette lutte pour le maintien et rien n’est simple face à aucune équipe. Ils vont avoir encore une plus grande attention sur la préparation des matches contre nous et nous n’avons pas un calendrier simple avec trois matchs importants à venir, un en Coupe de France et deux rendez-vous importants en championnat (Monaco, Rennes, ndlr) donc ça va être un bon challenge pour nous.

FM : sur le plan collectif, jusqu’à présent, que retenez-vous du visage affiché par le HAC ?

DK : le niveau de notre équipe est bon et on peut le voir avec notre position actuelle en championnat. Bien sûr, nous perdons de temps en temps, nous sommes aussi parfois un peu chanceux mais je pense que nous méritons notre place aujourd’hui. Nous avons le potentiel pour obtenir plus. La seconde partie de cette saison va être très intéressante, pour moi c’est une nouvelle expérience parce que nous ne faisons presque pas de pause comme en Russie. C’est une nouvelle expérience et c’est très excitant pour moi.

FM : pouvez-vous nous en dire plus sur votre profil ? Quels sont, selon vous, vos points forts ? Dans quels domaines souhaiteriez-vous progresser ?

DK : je ne préfère pas parler de mes qualités ou de mes forces, c’est au coach de juger de ça, pas à moi. Je préfère, de mon côté, progresser, tenter de m’améliorer à chaque match, je préfère m’entraîner et j’espère atteindre ainsi ma meilleure condition physique et technique pour aider au mieux l’équipe.

FM : au milieu de terrain, vous évoluez régulièrement aux côtés d’Abdoulaye Touré, Yassine Kechta ou encore Oussama Targhalline, pouvez-vous me parler de ces trois profils et de votre entente ?

DK : j’aime jouer avec ces joueurs, je pense que nous avons la même vision du football, la même vision dans la manière de jouer. Yassine (Kechta, ndlr) et Oussama (Targhalline, ndlr) sont très jeunes, ils sont très talentueux et ils ont tout pour devenir, à l’avenir, de très très grands joueurs. Abdoulaye (Touré, ndlr), j’ai joué beaucoup de matches à ses côtés, on s’aide l’un et l’autre et j’espère que lui et Mohamed Bayo aussi (qualifiés avec la Guinée pour les quarts de finale de la CAN où ils retrouveront, vendredi à 21h, la RD Congo, nldr) obtiendront de bons résultats et peut être gagneront cette Coupe d’Afrique des Nations. J’espère qu’ils iront jusqu’à la finale.

«J’ai eu besoin d’un temps pour m’adapter à l’exigence physique de ce championnat !»

FM : quelle est votre relation avec vos coéquipiers aujourd’hui ? Avez-vous développé des affinités particulières avec certains d’entre eux ?

DK : ma relation avec mes coéquipiers se passe très bien, beaucoup d’entre eux parlent anglais et ils m’ont vraiment aidé à mes débuts pour m’adapter à ce nouvel environnement, à cette nouvelle équipe. Comme je l’ai dit avant, ils m’ont aidé dans les questions que je pouvais avoir au niveau de la vie dans cette ville et j’espère progresser rapidement dans mon apprentissage du français pour commencer à bien parler avec les joueurs qui ne parlent pas anglais dans cette équipe. Je parle beaucoup avec Aloïs (Confais), avec Gauthier Lloris, avec Emmanuel Sabbi aussi parce qu’il ne parle pas français et on est dans la même situation (rires). Oualid (El Hajjam) également m’a beaucoup aidé mais je parle avec tous les gars, ça se passe très bien.

FM : en Ligue 1, y a-t-il un joueur qui vous a particulièrement impressionné ?

DK : je ne veux pas donner de noms en particulier mais dans cette ligue, il y a beaucoup de jeunes avec un très gros talent et beaucoup de potentiel pour devenir des très grands joueurs. Après, tout ça dépendra d’eux, de la manière dont ils évoluent, ou non, pour atteindre ce très haut niveau. Ce que je peux dire en tout cas, c’est que le niveau que je vois de mes coéquipiers et plus généralement le niveau de cette Ligue 1 est élevé.

FM : que pensez-vous, plus généralement, du niveau de la Ligue 1 et quelles sont les principales différences avec ce que vous avez connu en Russie ?

DK : la Ligue 1 est particulièrement forte dans l’aspect physique. Ici, les joueurs sont rapides, physiques, les duels sont intenses. Quand je suis arrivé au HAC et que j’ai joué mon premier match, je l’ai vite compris, ce n’était pas simple pour moi au départ de jouer contre ces profils, j’ai eu besoin de ce petit temps pour m’adapter. Intensité, physique, rapidité, voilà les trois plus grosses différences avec le championnat russe.

«Il y a une vraie unité entre le coach et les joueurs !»

FM : avez-vous eu l’occasion de parler avec Aleksandr Golovin, l’autre Russe présent dans le championnat depuis le début de la saison ? Vous a-t-il conseillé dans votre choix ?

DK : non honnêtement, avant mon transfert au Havre, je n’avais pas parlé avec lui mais après avoir signé mon contrat ici, il m’a contacté pour me féliciter et maintenant, on s’envoie parfois des messages oui. On s’écrit après les victoires ou après un but de l’un de nous pour se féliciter et bientôt nous allons nous retrouver pour le match qui nous oppose.

FM : vous êtes arrivé avec un statut international (49 sélections et 2 buts pour la Russie), vous avez joué en Ligue des Champions et en Coupe du monde. Comment utilisez-vous cette expérience dans votre nouveau club ?

DK : oui, forcément, avoir cette expérience facilite la prise de décision pendant un match par exemple, bien sûr que cette expérience m’aide et j’essaie de la mettre au service du collectif.

FM : quel est votre rôle dans cette équipe ? Avez-vous une relation particulière avec les jeunes joueurs par exemple ?

DK : je ne peux pas dire que c’est une relation spéciale avec les jeunes mais oui, pendant les matches ou durant les entraînements, je peux leur donner quelques conseils, nous pouvons être amenés à discuter de certaines choses sur le plan tactique, ça peut arriver oui.

FM : pouvez-vous nous parler également de votre relation avec l’entraîneur Luka Elsner ? Que pensez-vous de sa philosophie ?

DK : notre relation est très bonne, j’aime également sa vision du football, c’est quelqu’un de bien et la qualité des entraînements est également à souligner. Avec lui et son staff, nous travaillons dur, c’est une bonne chose, nous sommes un groupe uni. Il y a une vraie unité entre le coach et les joueurs que ce soit à l’entraînement ou pendant les matches, on est une famille. Je me sens comme dans une famille et c’est plaisant.

«Mon avenir ? Je suis très heureux au Havre !»

FM : sur le plan collectif, quelles sont vos attentes désormais pour la seconde moitié de la saison ?

DK : pour la suite de la saison, ce que j’espère surtout, c’est que nous continuons dans la même optique que ce que nous avons proposé lors de la première partie du championnat, et plus particulièrement ce que nous montrons depuis le début de l’année 2024. Comme je l’ai dit auparavant, un défi nous attend car désormais beaucoup d’équipes vont être encore plus concentrées au moment de nous affronter et nous devons être prêts. J’espère, quoi qu’il arrive, que tout se passera bien et que nous terminerons cette saison avec une bonne position dans ce championnat.

FM : vous êtes aussi qualifiés pour les 8es de finale de la Coupe de France après votre victoire contre Châteauroux. Vous allez affronter Strasbourg au tour suivant, quel est l’objectif dans cette compétition ?

DK : je n’aime pas dire le niveau de mes ambitions, ça ne sert pas à grand-chose, nous avons besoin de mettre les ingrédients nécessaires, de faire les choses plutôt que de les dire pour atteindre nos objectifs. Aujourd’hui, je suis juste heureux que nous soyons toujours en course dans cette compétition et nous avons désormais une revanche à prendre après avoir perdu contre Strasbourg à la dernière minute (J15, 10 décembre, 1-2, ndlr), ça nous donne une motivation supplémentaire aussi pour ce rendez-vous, je suis impatient de jouer ce match, toute l’équipe est impatiente. Étape par étape, restons focus sur nos performances, sur ce que nous devons faire et nous verrons.

FM : que pensez-vous de l’ambiance dans le stade ? Avez-vous un message à faire passer aux supporters ?

DK : l’ambiance ici est vraiment incroyable, les fans nous poussent continuellement, je suis heureux de jouer dans ce stade car je ressens cette ferveur et le soutien de chacun de nos supporters. Je vois aussi tout ce soutien dans la ville. Les gens sont derrière le club, ils croient en nous, ils nous souhaitent bonne chance pour les matches, pour le championnat. Je ressens et je vois vraiment que cette ville aime le football.

FM : pour terminer, vous êtes sous contrat avec le HAC jusqu’en juin 2025. Comment voyez-vous l’avenir ? Pouvez-vous imaginer un autre défi après le HAC ?

DK : généralement je ne parle pas de ces choses-là car aujourd’hui je suis juste pleinement concentré sur nos matches, sur le HAC et sur le fait de terminer cette saison avec une bonne position en championnat. Après la saison nous verrons mais, à l’heure actuelle, je ne réfléchis pas à un nouveau projet ou à une nouvelle expérience car je suis très heureux ici. Quand le moment sera venu, nous verrons.

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